Attention, avant de vous inscrire, lisez ! Ce forum n'a rien de sage, loin de là. Le contexte est très sombre. Il lui faut des joueurs matures, ouverts et libres d'esprits. Ici, le sexe, le sang, la violence sont bien présents et des propos qui peuvent être choquants. Si vous n'avez pas le caractère nécessaire pour rejoindre la communauté de TVBS, merci de vous en abstenir.
pvpvpvpvpvpv
pvpvpvpvpvpv
pvpvpvpvpvpv

Bienvenue Invité sur ✞ The Vampire's Blood Slaves ✞
C'est avec grand plaisir pour nous de vous annoncer
que le forum vous ouvre ses portes le 22/12/2023 dans la soirée !
Rejoignez nous dans notre univers obscur !
✞ La pré-ouverture le 15/12/2023 ✞ Rejoignez nous !
1er Event : La cérémonie de la lune violette. Vous le trouverez ici.
L'Event d'ouverture a commencé et se déroule ici.

Real Friendship - Ft. Till Engelmeister

 Aller en bas 
Kelyan Doyle
Membre ✞ Esclave sur tvbs
Kelyan Doyle
Membre ✞ Esclave sur tvbs
✞ Date d'inscription : 13/04/2024
✞ Messages : 45
✞ Points : 850
Age : 38

Real Friendship - Ft. Till Engelmeister  Empty
Mer 17 Avr - 19:20

Real Friendship ?




Janvier 2024 - Manoir – Till Engelmeister





Aucune idée de combien de temps je croupis dans ces geôles. Trois jours, dix jours, un mois ? Le temps est une mesure abstraite lorsque les repères familiers sont retirés. Je suis crade comme je ne l’ai jamais été. Je me dégoûte tellement. Mais finalement, des hommes sont venus, rien à voir avec la sublime créature qui m’a fait l’honneur de me rendre visite. J’en garde un souvenir mitigé, je ne sais quoi en penser, pourtant ce n’est pas le temps qui me manque pour réfléchir.

A mon réveil, des gardes, ou ne sais-je exactement leur dénomination, entrent avec fracas dans ma cellule, faisant fuir mon pote Albert avec qui je partage chichement un morceau de pain rassis. Des ordres sont aboyés auxquels je m’exécute docilement, vu qu’ils me parlent d’une douche. Ils sont armés de matraque et à leur ceinture, je peux reconnaître des taser. Encadré de mes deux gorilles, je sors pour la première fois dans ce couloir dont je n’ai vu qu’une infime partie depuis l’ouverture grillagée de la porte.

On me conduit dans une salle d’eau où je peux enfin me décrasser à souhait. La mousse qui ruisselle le long de mon corps est grise. L’eau est agréablement chaude et bienfaitrice, j’en profite un maximum, même si un des malabars reste planté devant moi à me mater le cul. Qu’il se fasse plaisir, ça ne me dérange pas. C’est en homme revigoré que je quitte la douche et redécouvre les bienfaits de la brosse à dents et du rasage. J’ai une tête épouvantable, pas que je sois coquet, mais j’aime soigner mon apparence. Après avoir retrouvé un faciès digne de ce nom, des vêtements me sont donnés, pas tout à fait à mon goût mais au moins, ils sentent bons et ils sont propres.

S’en suit une visite médicale rigoureuse. Le médecin est détestable et nous n’échangeons que quelques rares mots, lorsqu’il me questionne sur ma santé. J’ai même le droit à une prise de sang faite par une charmante jeune assistante. Je penserai à elle, ce soir quand je me tripoterai.

Changement de décor pour une salle ressemblant à celle vue dans les films policiers, une pièce fermée, une table, trois chaises et un grand miroir. C’est tellement cliché que j’ai envie de rire. Un homme et une femme m’assomment de questions. Tout y passe, mon enfance, mes amis, ma famille et mon boulot.

Puis, ils m’expliquent.

Les mots sont simples pourtant je peine à les comprendre. Interdis, je reste assis sur ma chaise, incapable de rétorquer ou d’assimiler les phrases courtes qui me sont jetés à la figure. Je perds de ma superbe, ne voulant accepter ce qui m’est dit. Cela ne peut être vrai. Pas moi ! Je ne peux être un esclave, il y a eu abolition en 1865, ne sont-ils pas au courant ?

La colère s’agite, enfle graduellement au fil des faits émis, jusqu’à atteindre son point culminant. Vivement je me lève et avec fracas, j’abats mon poing sur la table, la faisant légèrement vibrer. L’homme de la sécurité, que j’ai totalement oublié, m’assène un coup dans la cuisse induisant une douleur cuisante. Je crie, flanche, lui offrant le temps de me menotter les poignets derrière le dos. A nouveau assis, la cuisse en feu, je n’ai pas d’autre choix que d’écouter le couple déblatérer leurs conneries.

Ils abordent un nouveau chapitre, me parlant de vampires et de loup-garous. Une vie de servitude pour des êtres surnaturels. Je suis frustré et la rage bouillonne en moi. Je n’écoute plus, je ne veux plus savoir, préférant le déni que d’accepter toutes ces conneries. Je me tais, je veux sortir de cette pièce, bien trop petites nous autant de personne. J’abaisse mes paupières et me concentre pour ne pas sombrer dans une crise de claustrophobie. Mon front est trempé de sueur, tout comme mon torse et mon dos. Respirant lentement, je parviens à maîtriser mon malaise. L’entretien s’achève sur une information plus ou moins réjouissante, teintée de menace. On va me mener à mon dortoir et je ne reverrai plus les cellules si je me tiens à carreau.

Les menottes sont retirées et une pile de vêtements me sont amenés. L’air qui s’engouffre par la porte grande ouverte est salvatrice. Le couple de barge s’en va et je reste seul avec mon gorille attitré qui m’ordonne de le précéder.

Je découvre le manoir et reste ébahi par la magnificence de l’endroit. Tout est absolument impeccable et transpire le luxe et la débauche. C’est incroyable, je n’ai jamais rien vu de tel et pourtant j’ai séjourné dans des palaces hors de prix. Alors que nous traversons un hall richement aménagé, où boiseries et tableaux de maîtres se battent en duel, je reconnais un visage familier. Une lueur d’espoir s’éveille dans mon esprit anéanti.

- TILL !!!

Ma voix porte et de nombreux visages se retourne sur moi. J’ai travaillé pour cet homme, lui fournissant une fiole contenant un parfum rarissime datant des croisades. Un verre, délicatement gavé, contenant quelques essences d’un lointain passé. Puis, nous nous étions revus à quelques reprises, passant toujours d’excellentes soirées. Allemand, vivant à Paris, c’est devenu une connaissance que j’apprécie à côtoyer.

Une poigne de fer s’abat sur mon épaule, pinçant férocement mon trapèze, déformant mes traits dans une grimace de souffrance. Quelques menaces salées me sont distribuées alors que je m’agite pour attirer l’attention de mon « ami ».

- Till ENGELMEISTER ! La pince se fait plus ardente. Till, dis-lui de me lâcher et surtout que nous nous connaissons.

Dans une tentative désespérée de le faire lâcher, j’élève mon coude et me retourne abaissant mon bras sur le sien. Cela marche merveilleusement bien, sauf qu’un coup de matraque me frappe dans les côtes, me mettant à terre, le souffle coupé.

- Je… le… connais… abruti !




971

Revenir en haut Aller en bas
Till Engelmeister
Membre ✞ Vampire sur tvbs
Till Engelmeister
Membre ✞ Vampire sur tvbs
✞ Date d'inscription : 11/01/2024
✞ Messages : 415
✞ Points : 5484

Real Friendship - Ft. Till Engelmeister  Empty
Jeu 18 Avr - 11:30

Real friendship

19 janvier 2024 ✞ Soirée
Till venait de s’extraire du bureau d’un gestionnaire quelconque fort d’une brassée de paperasse et la bourse allégée d’une coquette somme. La vente de sa future esclave personnelle était pratiquement scellée, à un ou deux détails près. Cela signifiait que d’ici quelques jours, Iris viendrait égayer son appartement de sa ravissante présence.
Historiquement, le créateur de parfum s’était toujours dispensé de ce genre de service. Il trouvait le recours à des escortes spécialisées ou les prostituées du Manoir beaucoup plus pratique. Une heure ou deux en bonne compagnie suffisait largement pour faire le plein de sang pour la semaine (et pourquoi pas tirer un coup).
Pas besoin de s’encombrer du reste : il pouvait continuer à mener sa petite vie d’entrepreneur trop occupé sans avoir à s’inquiéter des sautes d’humeur de madame, profiter de son appartement en toute quiétude (vivre en chaussettes, ou laisser la lunette des toilettes relevée, si ça lui chantait)… Mais le cas de la jeune femme était un peu différent.
Iris avait su le convaincre de sa valeur ajoutée, en un sens. Sa détermination à quitter le Manoir s’était matérialisée sous la forme d’une volonté farouche de conquête à son endroit et lui, il s’était laissé faire, en bon admirateur de la prouesse. L’ambition était un trait qui méritait d’être récompensé, pensait-il… Et même s’il consommait grassement les services du Manoir, Till comprenait tout à fait que l’on veuille s’en extraire.

Tout ceci mis de côté, l’homme rejoignit le hall avec la ferme intention de mettre sa soirée à profit. La fin de semaine était synonyme de nourrissage et puisqu’il se destinait à boire à la veine d’une seule femme pendant toute la durée du mois de février (au moins), autant marquer le coup en louant les services de deux ou trois de ses donzelles préférées.
Till se voyait déjà bien entouré dans l’une des luxueuses suites du troisième étage, une belle paire de fesse dans une main, une coupe de champagne dans l’autre et des seins à ne plus savoir quoi en faire. Cela dit, il semblait bien que le destin ait d’autres plans pour lui.

Point de femmes donc, mais une vieille connaissance que Till ne s’attendait absolument pas à croiser ici (tu m’étonnes). Lorsqu’il entendit son prénom retentir dans le hall, le créateur du parfum s’arrêta dans son élan. Foudroyé d’un doute, il fallu que l’autre réitère pour qu’il percute enfin et s’engage en direction du duo, à l’autre bout de la pièce. Il débarqua sur la scène d’un employé en train de discipliner son camarade, lequel gisait désormais à même le sol, le souffle court.

« Allons allons, mon ami, calmons nous.

Fit-il avec un geste d’apaisement en direction du petit personnel un peu trop zélé, la main s’interposant naturellement entre l’humain et la matraque.

« Il est en transfert ? Soyez gentil de me le laisser dans ce cas.

Bien conscient que l’autre ne faisait qu’obéir à des directives, Till appuya son argumentaire en dégainant aussitôt son portefeuille. Il proposa un généreux pourboire au type dans la foulée, pour que ce dernier consente à lâcher la bride plus rapidement.

« Considérons que je le prends pour la soirée. Fit-il avec une tape d’encouragement sur l’épaule. Notifiez l’accueil, je passerai régler la note en partant.

Le créateur de parfum rajouta quelques billets de plus à son entreprise de persuasion. Son interlocuteur dut trouver l’arrangement convenable, car n’insista pas. Après quelques directives concises à l’attention de Kelyan, il consentit à laisser les deux hommes entre eux.

« Ça va ? S’enquit-il en se penchant vers l’ancien homme d’affaire, pour l’aider à se relever. Bon Dieu, je ne m’attendais pas à te croiser ici... Tu n’étais pas censé être à Riyad ? Bah, peu importe… Si tu es ici c’est que les choses ont clairement mal tournées.

Till avait beau feindre le naturel, l’on pouvait clairement lire sur son visage à quel point la situation le saisissait de gravité. Son regard bleu se mit à scruter à droite et à gauche. Une discussion s’imposait, mais l’endroit était clairement mal choisi. Les habitants du Manoir passaient et repassaient à intervalle régulier. Du reste, ils auraient probablement besoin tous les deux d’un bon remontant, au regard de ce qui s’en venait (surtout Kelyan).

« Allons, suis-moi. Ne restons pas là.

Till prit l’initiative de les guider jusqu’au bar au rez-de-chaussée. Une table relativement à l’écart ferait l’affaire. À cette heure, il y avait un peu de passage : vampires et lycans venaient sélectionner leur compagnie du soir, mais cela se tasserait dans la demi-heure. Il leur commanda un alcool fort et anticipa la deuxième tournée dans la foulée.

« Quand es-tu arrivé ?

La réponse devait probablement se compter en jours, au regard de la réaction de son camarade. Du reste, ses vêtements n’étaient pas de très bonne qualité, ce qui signifiait qu’on ne l’avait pas encore apprêté pour les enchères.

815

Revenir en haut Aller en bas
Kelyan Doyle
Membre ✞ Esclave sur tvbs
Kelyan Doyle
Membre ✞ Esclave sur tvbs
✞ Date d'inscription : 13/04/2024
✞ Messages : 45
✞ Points : 850
Age : 38

Real Friendship - Ft. Till Engelmeister  Empty
Ven 19 Avr - 21:30

Real Friendship ?




Janvier 2024 - Manoir – Till Engelmeister




- Merci.

Je lui adresse un regard brillant de gratitude. Le remerciement n’est qu’un murmure, entre deux inspirations, peinant à emplir mes poumons. Genou à terre, je grimace et cherche mon souffle, maudissant le crétin qui vient de me frapper. La voix de Till empli mon univers, agitant ma curiosité. Ce qui se déroule au-dessus de ma tête est des plus déconcertant. Une liasse de billet vert change de main, je reste dubitatif. La somme est astronomique, dépassant mon entendement. Des consignes me sont données, auxquelles je n’accorde aucun crédit, marmonnant un « va te faire foutre » inaudible pour celui qui vient de se faire largement graisser la patte.

L’aide de Till est plus que bienvenue et j'accepte sa main d’un sourire crispé. Péniblement, je me relève en m’appuyant sur ma cuisse. Misère, je me sens tellement pitoyable. Le redressement est difficile et la douleur cuisante. Grognant, je consens aux paroles de mon ami et hoche la tête.

- Tu ne crois pas si bien dire. Un truc de fou. J’étais bien à Riyad, d’ailleurs, tu n’as pas idée tout ce que je donnerai pour y être encore.

Je grimace en soupirant et secoue la tête en gardant précautionneusement ma main sur mes côtes. Les vêtements se sont éparpillés autour de moi, lorsque j’ai lâché la pile. Une paire de chaussettes a même roulé un peu plus loin.

- Putain de bordel de merde. Je vais me réveiller et je vais constater que tout ça n’est qu’une saloperie de mauvais rêve. L’allemand me convie à le suivre, évitant de nous donner en spectacle. Je ramasse mes affaires, j’arrive.

Les habits sont entassés rapidement entre mes bras, formant un gros tas de tissus. Je me fais la promesse de les plier au plus vite afin d’éviter les faux plis que je déteste. Alors que je récupère le rouleau de chaussettes, je lève les yeux et croise le regard furieux d’un homme menotté et encadré par des gardes. Je lui adresse une mine d’encouragement, ne pouvant guère faire plus pour l’aider. Le petit groupe n’emprunte pas les artères principales, restant attentivement dans les coursives adjacentes. Où vont-ils ?

Tout est récupéré et je presse le pas pour rejoindre Till qui nous emmène au rez-de-chaussée dans un magnifique bar. Des centaines de bouteilles reposent derrière les employés, chichement illuminé par un éclairage surprenant, faisant ressortir les couleurs des divers alcools. Un bar comme j’en ai connu beaucoup, là où j’aime me poser tranquillement pour faire le point ou discuter affaires. C’est également dans ce genre d’endroit où l’on trouve généralement les meilleurs coups d’une nuit.

Je m’installe aux côtés de Till, me délestant de mes effets et commence le pliage méticuleux de chaque pièce en attendant que les boissons arrivent.

- A vue de nez, je dirai quatre ou cinq jours. On est le combien aujourd’hui ? Je suis arrivé le 6 à Riyad. J’ai perdu totalement la notion du temps. Y’a quelques heures, je croupissais encore dans un cachot humide avec pour seule compagnie quelques rats suffisamment courageux pour partager ma pitance. On m’a piqué ma montre, mon téléphone, même ma chevalière a disparu. J’ai plus rien, hormis mon piercing sur la langue ! Tu peux pas savoir à quel point je suis heureux de te voir.

Le serveur m’interrompt et dépose quatre verres sur la petite table ronde alors que je fini de mettre de l’ordre dans les vêtements. Une pile impeccable remplace désormais l’amas de fripes. J’attends que l’employé se retire et fait tinter mon verre contre celui de Till.

- Merci encore pour ce sauvetage in extremis.

Je masse légèrement le point d'impact et soulève rapidement mon t-shirt, découvrant un magnifique hématome violacé en formation.

- Ah bah le salaud, il n'a pas été de main morte ! J'arrive pas y croire.

Le liquide est avalé d’une traite malgré la qualité supérieure du breuvage. L’alcool brûle le gosier mais réchauffe mon corps engourdi. Les saveurs restent collées sur la langue, preuve d’excellence. Lentement, je repose mon verre et une nouvelle fois, secoue la tête.

- Till, qu’est-ce qui se passe ici. Ils m’ont parlé de vampires, de loups-garous, de captivité, d’esclavage. J’ai cru comprendre que nous sommes en Roumanie, comment suis-je arrivé ici ? Je suis perdu, je ne comprends plus rien. Et pourquoi as-tu dû débourser autant de fric, juste pour que nous puissions passer un moment ensemble ? Nous sommes amis, ce n’est pas la première fois que nous nous retrouvons dans une lounge et pourtant j’ai un mauvais présentiment pour ce que tu vas me dire.

Un homme bedonnant, à la peau flasque et au cheveu gras, habillé d’un costume d’excellent facture, probablement fait sur mesure, s’arrête à notre table et se met à me fixer de manière dérangeante et obscène durant quelques secondes. Puis, s’adressant à l’allemand, agissant comme si je n’existe plus, tient un bien étrange discours.

- Monsieur Engelmeister, je ne pensais pas que les étalons vous intéressaient. Je vous voyais plus miser sur les jeunes pouliches. Mais très bon choix et quel beau spécimen. Nouvel arrivage ? Il faudra me donner son matricule. Bonne soirée.

Un sourire s'agrémentant d'un clin nous est offert puis il s’en va en se dandinant, triturant une bague en or qui doit valoir une petite fortune. Mes yeux sombres se tournent lentement vers Till.

- Je peux lui défoncer la gueule ? C’était quoi, ça ?





905

Revenir en haut Aller en bas
Till Engelmeister
Membre ✞ Vampire sur tvbs
Till Engelmeister
Membre ✞ Vampire sur tvbs
✞ Date d'inscription : 11/01/2024
✞ Messages : 415
✞ Points : 5484

Real Friendship - Ft. Till Engelmeister  Empty
Sam 20 Avr - 11:25

Real friendship

19 janvier 2024 ✞ Soirée
Le créateur de parfum ne pouvait qu’étendre sa sympathie à son camarade, dont il avait d’ores et déjà compris le sort. Kelyan peinait encore à réaliser tout ce qui lui arrivait, mais c’était bien normal. Il y a quelques jours encore, son existence ressemblait à celle de n’importe quel homme d’affaire. À présent, on lui demandait d’accepter l’existence d’un monde semblant tiré d’un roman sulfureux pour adolescente en manque : des vampires, des loup-garous et leurs esclaves. Le pire restait encore de lui faire comprendre qu’il se trouvait du mauvais côté de l’équation (même s’il en avait déjà l’intuition)... La soirée risquait d’être longue.

« Je signalerai cet imbécile.

Réagit-il en constatant la blessure d’un coup d’œil rapide, tandis qu’il portait le verre à ses lèvres. Le règlement du Manoir ne recommandait pas au personnel d’abîmer la marchandise, surtout les esclaves destinés aux enchères (pour les autres, c’était un peu différent). Till n’éprouvait guère de scrupules à jouer aux emmerdeurs procéduriers dans le cas présent. Cela l’aiderait à faire passer ses nerfs.

Ce sujet mit de côté, il écouta Kelyan étaler tout le contenu de ses états d’âme. L’idée de devoir lui confirmer qu’en effet, tout ce qu’on lui avait raconté était absolument vrai, mortifiait Till en profondeur. Il comprenait néanmoins la nécessité absolue de lui dire, conscient que la survie de son ami dépendrait en grande partie de sa réactivité face à l'adversité.

Cela dit, alors qu’il s’apprêtait à prendre la parole, un type s’invita à la conversation. Till le détailla brièvement. Il s’agissait d’un vampire habitué du Manoir avec lequel il avait dû échanger une ou deux fois. Cela n’aurait eu aucune importance si ce dernier ne s’était senti pousser des ailes au point de se fendre d’une remarque qui, quoique banale en temps normal, devenait ici totalement déplacée.
Le créateur de parfum tâcha néanmoins de garder la face, se contentant d’un genre d’acquiescement vaguement aimable tout juste destiné à écourter l’échange au maximum. Hélas, le mal était fait. Cela laissa Kelyan dans l’incompréhension et Till dans l’embarras.

« Il nous a pris pour deux pédés et tu lui as tapé dans l’œil, voilà ce que c’était. Fit-il d’un ton qui reflétait désormais assez clairement sa mauvaise humeur. Mais je te déconseille de tenter quoi que ce soit. Écoute…

Il s’en alla fouiller dans la poche intérieure de sa veste et tira le paquet de cigarettes qu’il réservait normalement à "l’après morsure". Il s’en cala une au coin de la bouche et en proposa à Kelyan d’un geste. La pierre de son briquet cliqueta.

« Je sais que ce que je vais te dire est complètement délirant, mais il faut absolument que tu m’écoutes et que tu intègres tout ça rapidement. Tout ton avenir va dépendre de tes facultés d’adaptation à partir de maintenant.

La fin de sa phrase se noya tout au fond d’un nuage de fumée, comme il expirait une profonde bouffée de tabac. Till s’en alla fouiller tout au fond des mires sombres de son camarade, comme pour y sceller toute la conviction qu’il mettait dans ses paroles.

« Bon… Ce que l’on t’a raconté au sujet des vampires et des loup-garous est vrai, j’en ai peur. Ces créatures existent et elles vivent à l’ombre de l’humanité depuis des siècles. C’est une sorte de société parallèle, si tu veux, régie par ses propres règles et sa propre hiérarchie.

Il y eu une nouvelle pause. Quelques secondes seulement, le temps de jeter un regard alentours, comme pour s’assurer que personne d’autre ne risquait de les interrompre.

« Et qui dit vampire, dit sang. Les vampires ont besoin de sang pour se nourrir… Et c’est pour cela que ce lieu existe. Plutôt que de s’en prendre au premier venu en pleine rue, des types ont estimé que le plus pratique consistait simplement à enlever des êtres humains et les garder en captivité, pour pouvoir se nourrir sur eux à tout moment.

Till savait que Kelyan avait déjà reçu toutes ces informations, mais il n’y avait pas cru parce que c’était venu d’inconnus menaçants et vindicatifs, dans un contexte totalement nouveau et effrayant. L’effet ne serait certainement pas le même, cette fois-ci, dans la mesure où les deux hommes se connaissaient et se faisaient confiance.

« C’est pour ça que tu es là... Tu as été repéré pour une raison ou une autre et on t’a capturé. C’est aussi arbitraire que ça.

Il décida d’occulter la partie prostitution pour le moment, estimant que cela faisait déjà suffisamment d’informations en une fois. De toute façon, à ce stade, il y avait fort à parier pour que l’ancien trader commence à rassembler lui-même les pièces du puzzle.
Le sujet des enchères avait dû être abordé, entre autres choses… Et puis, il suffisait de regarder autour d’eux pour comprendre. Le reste de la clientèle se composait d’individus richement vêtus près desquels orbitaient des jeunes gens en petite tenue. Si cela ne ressemblait pas à un bordel, alors rien n’en avait l’air.

« Je suis désolé. Fit-il à voix basse, d’un ton empreint de compassion. C’est injuste, c’est complètement dingue… Mais voilà, c’est un fait.

856

Revenir en haut Aller en bas
Kelyan Doyle
Membre ✞ Esclave sur tvbs
Kelyan Doyle
Membre ✞ Esclave sur tvbs
✞ Date d'inscription : 13/04/2024
✞ Messages : 45
✞ Points : 850
Age : 38

Real Friendship - Ft. Till Engelmeister  Empty
Lun 22 Avr - 13:12

Real Friendship ?




Janvier 2024 - Manoir – Till Engelmeister




- Le signaler à qui ?

Car oui, là réside la question fondamentale. Qui est aux commandes et pourquoi ? Ce sont des informations primordiales afin de pouvoir tenter éventuellement quelques manœuvres pour se sortir de ce merdier. Les hautes instances ne sont pas toujours atteignables, mais il suffit parfois de retirer une petite brique de la base pour que tout l’édifice s’effondre. Bien déterminé à partager mes intentions, je n'en ai guère le temps qu'un gars s’immisce à notre conversation. L’explication du créateur, me laisse pantois. A quel moment j’ai envie de servir de sac à foutre pour un mec comme ça ? D’ailleurs, hors de question que je passe de l’autre côté, j’aime les femmes et leurs courbes tentatrices. Me penchant vers mon sauveur du jour, je lui glisse quelques mots discrets.

- Je ne sais pas ce qui te fait bander, même si j’en ai eu quelques aperçus lors de nos soirées, mais je suis un hétéro pur et dur. Il peut se la mettre sur l’oreille et la fumer plus tard. T’as vu le tas de gras que c’est ? Je te jure qu’il n’a pas intérêt à me refaire son petit numéro, ça pourrait très mal se passer.

Mon interlocuteur semble mal à l’aise et farfouille dans ses poches pour sortir un paquet de cigarettes. La fumette est autorisée dans le bar ? Intéressant. L’odeur du tabac ne me dérange pas et j’aime observer les veloutes qui se forment dans l’air. Je ne suis pas amateur et refuse poliment l’offre de Till. Je tripote distraitement les gravures de mon verre, perdu dans des pensées assassines envers cet homme qui s’éloigne en se dandinant. La voix du créateur est posée, tout l’humour que je lui connais, ayant totalement disparu de son visage. Attentif, je l’écoute, sans l’interrompre.

Mes traits se froissent, mes sourcils s’abaissent et quelque chose, au fond de mon être explose, libérant une multitude de sentiments qui s’entrechoquent violemment dans ma caboche. En tête de file, l’incompréhension totale qui cherche à s’accrocher aux mots d’Engelmeister, les décortiquant avec une curiosité avide afin de trouver la vérité. Des images de films vus durant l’adolescence refont surface. Des canines pointues, perforant le derme, le sang qui dégringole une épaule ou un menton dans une sensualité divinement orchestrée. Des loups, bien trop gros pour être réels, courant dans une forêt sous une lune pleine et argentée, se réveillant au petit jour, nu et recouvert pudiquement de quelques feuilles mortes pour ne pas choquer le spectateur friand de ce genre de chimères.

Je bats des paupières afin de chasser ses mauvaises productions hors de mon crâne et reprends une gorgée de ce liquide fort, me berçant dans l’illusion qu’il m’aidera à mieux intégrer les paroles de mon hôte. Il ne s’arrête pas là, autant tout étaler sur la table afin de mieux faire le tri, une fois sa diatribe terminée.

La colère rugit, comme le ventre de la terre avant une éruption. Des vagues successives enflent, mes doigts s’agrippent férocement à mon verre, faisant blanchir mes articulations. Ainsi, j’ai été enlevé, arraché à ma vie, celle que j’ai bâti petit à petit. La destruction est totale, mon existence est reléguée à faire don de mon essence vitale à des êtres tout droit sorti de livres pour adolescents en manque de sensations fortes. Les paroles de cette femme, entendues dans les cachots, font sens à présent.

Mes mains oublient l’objet qu’elles agressent et viennent se poser,  sur mon visage, paumes contre mes joues. Mes auriculaires frottent mes yeux qui se referment un instant. Toutes les créatures ayant peuplé mon enfance dansent devant mes paupières abaissées. Comment ?

Mes bras s’affaissent, tout comme mon dos qui vient prendre appui contre le dossier, mes orbes sombres fixant un point que je suis seul à voir, dans l’éternité du vide. Ainsi, Kelyan Dolye n’est plus, il ne reste que ce corps, fait de chair et de sang, qui persiste. Toutes mes valeurs disparaissent, absorbées dans un maelström d’absurdité pour faire place à une nouvelle réalité.

D’un trait, je termine mon breuvage et agite mollement la main en direction du serveur, lui faisant signe en mimant, de nous apporter, non une nouvelle fournée mais carrément la bouteille. L’homme, surpris par ma demande, émanant de la gourde à sang que je suis devenue et non de celui qui porte le costume, à un bref regard interrogatif vers Engelmeister, demandant son approbation. Je connais parfaitement cette lueur brillant au fond de ses orbes, ce doute si oui ou non, il doit s’exécuter pour l’avoir vécu quelques fois.

L’acceptation n’est pas encore là, mais je devoir me diriger vers elle. Je n’ai pas le choix d’après ce que j’ai cru comprendre. Mes coudes se déposent sur la table, mon regard affrontant celui de mon interlocuteur. Nulle colère ne traverse ma voix, il n’est pas l’instigateur de ma présence.

- Si je résume, je suis devenu un prisonnier ? Aucun crime ne plane sur mes épaules. Mon seul délit consiste dans le fait que je sois un être empli de sang. Mais dis-moi, Till…

Un terrible doute inonde mes pensées. Je balaye la salle de mon regard d’encre, observe les agissements et les tenues des gens peuplant le bar, puis l’abaisse sur mes propres vêtements. D'une voix suspicieuse, je lui pose LA question :

- Tu… Tu en fais partie ? Tu es un vampire ?





900

Revenir en haut Aller en bas
Till Engelmeister
Membre ✞ Vampire sur tvbs
Till Engelmeister
Membre ✞ Vampire sur tvbs
✞ Date d'inscription : 11/01/2024
✞ Messages : 415
✞ Points : 5484

Real Friendship - Ft. Till Engelmeister  Empty
Mer 24 Avr - 13:40

Real friendship

19 janvier 2024 ✞ Soirée
Le créateur de parfum avait laissé la question de Kelyan se perdre à travers une œillade équivoque, car avant d’aborder le sujet de la gestion du Manoir, il fallait d’abord qu’il élabore sur le reste. De toute façon, l’intervention de l’autre vampire lui coupa l’herbe sous le pied, même si Till préféra s’abstenir de trop rebondir sur ce sujet non plus, quand bien-même approuvait-il la réaction de son compagnon.
C’était un fait, il y avait dans ce monde des vampires aux mœurs plus débridées que les autres et ce petit étalage de convoitise libidineuse n’était pas grand-chose comparé à ce à quoi Till avait pu assister au cours de sa longue vie. Les pires pratiques venaient parfois des individus les plus charismatiques et attirants de prime abord, là était tout le piège… Mais sur ce point encore, ils avaient le temps de venir.

Till se concentra plutôt sur les explications de base, dans un premier temps. Tout du long, il sentit la colère monter chez Kelyan. Spectacle tristement puissant, comme il assistait en direct à la déconstruction d’un homme au sommet de son potentiel.
En effet, ce n’était pas un hasard si ces deux-là étaient amis : ils partageaient le même état d’esprit combatif et volontiers farouche à l’endroit des affaires. Till avait toujours beaucoup admiré l’ingéniosité de son comparse, cette intelligence qu’il avait dès que l’on touchait au commerce. C’était un beau parleur, le genre capable de déployer des trésors de ressource pour parvenir à ses fins, à retourner des auditoires en sa faveur d’une répartie bien calibrée.
Comment ne pas s’agacer du gâchis que représentait la mise en servitude d’une telle personnalité ? Till imaginait difficilement scénario plus démoralisant que la réduction d’un homme de cet acabit au rôle de source de sang, plus encore d’esclave sexuel.

Toute sa compassion se dirigeait donc naturellement vers l’homme en train d’encaisser la nouvelle, en ce moment. Après la colère, le créateur de parfum sentit émerger une forme de résignation, preuve que le message était définitivement passé : Kelyan comprenait petit à petit qu’il n’avait plus intérêt à miser sur son ancienne existence. Riyad et tous les projets associés n’auraient pas lieu, c’était un fait. Il s’agissait désormais d’affronter la nouveauté.

Till continua de fumer en silence dans l’intervalle. Il ne s’attarda pas non plus quand il fut question de finir ses deux verres d’alcool. Un vague hochement de tête confirma d’ailleurs au serveur qu’il pouvait revenir avec la bouteille, conformément à la demande de l’humain assit à ses côtés. De quoi rajouter une brique de plus à l’édifice des indices suspects...
En ce sens, la question qui s’ensuivit n’étonna guère le vampire. Il savait de toute façon bien qu’il devrait y répondre à un moment ou un autre. C’était inévitable... Et puis, à ce stade, à quoi bon cacher la vérité ?

« Oui, en effet. Dit-il d’un ton posé. Tu te souviens de cette fois où je t’ai raconté l’histoire de ma société ? Comment mon grand-père a fondé sa maison de parfum, aux États-Unis, après avoir fuit la guerre… Et comment j’en ai hérité moi-même ensuite.

Le retour du serveur avec la bouteille l’obligea à marquer une courte pause. Il reprit néanmoins juste après et sans manquer de les resservir tous les deux.

« Il se trouve que mon grand-père et moi sommes en fait une seule et même personne. Je suis né en 1910 à Hambourg et après un apprentissage en France durant l’entre deux guerres, je suis parti m’établir à New-York. Là bas, j’ai commencé à fréquenter certains cercles d’élite… Puis des vampires. Je me suis finalement fait transformer dans le courant de l’année 1948. Depuis, hé bien…

Il ouvrit les bras dans une mimique parfaitement auto-explicative : depuis, il vivait la vie d’un vampire tout à fait ordinaire (si tant est que cette notion existât) et celle d’un chef d’entreprise non moins brillant.

« Les vampires sont des créatures puissantes. Poursuivit-il après avoir vidé son troisième verre. Ils sont présents à tous les niveaux de la société. Ils ont de l’argent et des relations. Le commun des mortels n’est évidemment pas au courant. Différents clans se partagent l’influence selon les pays, mais c’est en Roumanie que se trouve la famille régnante. Ceux qui dirigent cet endroit, entre autres choses.

Voilà de quoi répondre à la première question de Kelyan. Till s’interrompit là dessus. Son regard scrutait à présent son interlocuteur attentivement, soucieux de capter ses réactions après tant de révélations lourdes d’implications.

747

Revenir en haut Aller en bas
Kelyan Doyle
Membre ✞ Esclave sur tvbs
Kelyan Doyle
Membre ✞ Esclave sur tvbs
✞ Date d'inscription : 13/04/2024
✞ Messages : 45
✞ Points : 850
Age : 38

Real Friendship - Ft. Till Engelmeister  Empty
Mer 24 Avr - 23:47

Real Friendship ?




Janvier 2024 - Manoir – Till Engelmeister




Le bref hochement de tête de Engelmeister en direction du serveur ne m’échappe pas. Cela me hérisse le poil au plus haut point. Je l’ai déjà fait, évidemment, bien trop de fois et en ressent, à présent, les conséquences. Celles de se sentir petit et minable, sans le moindre pouvoir décisionnel. Mes narines frémissent sous l’agacement, mais je me contiens. Malgré l’accablement, je reste éveillé et mes sens de l’observation ne me font pas défaut. Faire un esclandre ne serait pas vu d’un bon œil. Malgré la discrétion mise en place, des gardes, tous armés de taser et autres joyeusetés, sont postés à intervalles réguliers à différents endroits stratégiques de la lounge. Ils n’interfèrent en rien, sont juste posés là, immobiles comme des statues, veillant au l’inconcevable grabuge. Je souris amèrement. Si dans une éventualité totalement improbable, je parviens à me défaire des sbires, où irais-je ensuite ? Je ne sais toujours pas où nous sommes. Les vêtements des convives ne sont guère informateurs. Entre la tenue minimaliste de la jeune serveuse, dévoilant des courbes sensuelles et flatteuses et le costume impeccable de Till, il y a un monde.

Le silence s’installe, permettant à mon cerveau de faire le point, même si les révélations semblent totalement aberrantes. Je le regarde fumer, expirer ses veloutes nocives. Dans un grincement de dent mental, qui reviendrait à un rire sarcastique dans un autre monde, il semble plus nerveux que moi. Et pour cause. Avouer l’impensable à un ami, n’est guère position confortable.

L’aveu tombe, faisant appel à ma mémoire. Je le toise, son ton est totalement calme, bien plus que ce qui boue en moi. Je souris, sans joie, ni amusement. Les mots défilent, tranquillement, dans une litanie monocorde, s'interrompant le temps du service. Et avant même que le culot de la bouteille ne touche la table, je comprends où il veut en venir. La légende est donc vraie. Je hoche la tête, fatalement. 1910. Je ne suis pas un expert en histoire, mais des images de la première puis de la seconde guerre mondiale peuplent mon esprit. Les faits sont là, je peux les accepter mais je ne les comprends pas. C’est inconcevable. Et pourtant, il est là, ILS sont là.

L’alcool disparaît dans mon gosier, activant un nouveau brasier. La tête me tourne légèrement, je n’ai rien mangé depuis mon partage frugal avec Albert, troisième du nom. Le premier a été tué par cette femme. L’éternité doit peser sur ses méninges, l’esprit doit forcément s’altérer avec les années. Je me pince le nez, passe mes doigts sur ma barbe de trois jours, fraîchement retrouvées, et dépose mollement ma main sur la nappe blanche. Le second Albert n'est jamais revenu, restait que le troisième qui semblait m'apprécier.

- Bien sûr. Tous les gouvernements sont corrompus. Normal. Même la Corée du Nord ?

Question idiote, mais c'est la seule chose qui me traverse l'esprit. Sans préambule, je me lève brusquement, vacille à peine une seconde et contourne la table, me plaçant aux côtés de Till, pour lui agripper le coude.

- Lève-toi et suis moi !

Mon geste peut sembler agressif tout comme le ton, abrupte, mais ce n’est qu’une injonction, se rapprochant terriblement d’une supplique. Un des vigies ne me quitte plus du regard. Il est aux aguets, prêt à intervenir, sa main déjà sur le taser. Je recule d’un pas, délaissant le bras de mon ami. Mon mouvement prompt suscite la curiosité. La salle est partagée, les uns espérant un peu d'action dans la léthargie ambiante, les autres craignant l’affrontement. Le sang ne coulera pas, j’y veille.

- Viens, s’il te plaît.

Sous le regard médusé de l’assistance, je me dirige vers une porte, un pictogramme mondialement connu, représentant un homme et une femme. Intrigué, certains se lèvent, pensant pouvoir suivre un spectacle croustillant. Dans les toilettes, je me retourne vers mon ami.

- Mords-moi… C'est vraiment compliqué à accepter, crois-moi. Une secte d'illuminer n'agirait pas autrement. J'ai besoin de faits réels. Si ça doit arriver, je veux que ce soit toi, le premier. Je ne sais pas ce que ça fait, ni ce que cela implique, mais au moins, je sais que tu le feras correctement. Et si tes dires sont vrais, j'ai besoin d'une confirmation concrète.

Mes orbes se perdent dans les siens. Je suis extrêmement sérieux. Mes mots meurent que déjà quelques coups sont donnés à la porte.

- Tout va bien Monsieur Engelmeister ?

Je tends un regard vers le créateur et lève les yeux au ciel. Comme c’est mignon, la sécurité s’inquiète du bien être du vampire, moi, l’humain, je peux crever la gueule ouverte.

- Je veux savoir ce que ça fait. Si c'est douloureux ou non. S'il te plaît...




786

Revenir en haut Aller en bas
Till Engelmeister
Membre ✞ Vampire sur tvbs
Till Engelmeister
Membre ✞ Vampire sur tvbs
✞ Date d'inscription : 11/01/2024
✞ Messages : 415
✞ Points : 5484

Real Friendship - Ft. Till Engelmeister  Empty
Jeu 25 Avr - 10:14

Real friendship

19 janvier 2024 ✞ Soirée
Le regard du créateur de parfum s’arrondit légèrement lorsque Kelyan se leva tout à coup. S’il sentait bien que ce dernier avait un peu bu, que ce soit à sa façon de se déplacer ou à son odeur, ce n’était certainement pas au point d’être ivre, ni tenter quoi que ce soit de stupide. L’homme avait une idée derrière la tête, c’était évident. Till acquiesça donc sans poser plus de question et consentit à suivre son camarade jusqu’aux toilettes.

Une fois la porte refermée sur eux, il fut néanmoins saisi par le caractère inattendu de la demande. Till avait prévu beaucoup de choses, sauf mordre un vieil ami ce soir-là... Cela dit, à bien y songer, il n’avait pas prévu non plus de découvrir qu’un tel ami s’était fait capturer et réduire au rang de toutes ces prostituées dont il consommait régulièrement les services.

« Que je te… Le tambour à la porte les interrompit. Till jeta sa réplique par dessus l’épaule. Tout va bien. Laissez-nous.

Till ramena ses mires azuréennes sur Kelyan. Dans le fond, il y avait de la raison et même un peu de dignité, à choisir soi-même la personne qui infligerait cette toute première morsure, songea-t-il. Le vampire était même convaincu qu’il ressentirait un besoin identique, à sa place. C’était une question de contrôle. Le dernier paramètre sur lequel Kelyan disposait d’un semblant de liberté, avant de finir entre les mains d’un acheteur dont on ne pouvait anticiper l’étendue des scrupules. Assurément, Till ne se voyait décemment pas lui retirer.

« Entendu. Je vais le faire. Dit-il en acquiesçant fermement. Mais il faut que tu saches deux ou trois choses avant.

Le créateur de parfum s’en alla vers la porte afin de fermer le verrou à double tour. Il était exclu que qui que ce soit débarque au milieu de leur petite affaire. De toute façon, il y avait peu de chance pour que le personnel intervienne, à ce stade. Les fantaisies de la clientèle impliquaient assez souvent des cabrioles dans les toilettes pour qu’on laisse faire… Et ce d’autant plus que Till avait explicitement demandé à ce qu’on leur fiche la paix.

« La morsure peut être extrêmement douloureuse, comme très, très agréable. Tout dépend des intentions du vampire en question. Expliqua-t-il. Pour que tu te rendes compte de quoi on parle, voilà ce qui va se passer : je vais d’abord doser mon venin de sorte à ce que tu souffres. Je te préviens, tu auras mal... vraiment mal. Mais après quelques secondes, je changerais sa composition et alors, tu verras c’est… Autre chose.

Si cela ne tenait qu’à lui, Till s’abstiendrait évidemment de faire souffrir son camarade, mais ce dernier souhaitait savoir à quoi s’attendre. Il fallait qu’il lui montre. En l’occurrence, ce serait toujours moins pire avec lui qu’un autre.

« Sache aussi que lorsqu’un vampire mord un être humain, leurs deux… Esprits, si l’on peut dire, rentrent en contact. Ce sera un peu comme si l’on devenait une seule et même personne, pendant quelques instants. Je verrai des souvenirs que tu as dans la tête et inversement.

Till se dirigea vers le centre du petit espace, près du lavabos. Le grand miroir mural (disposé bien davantage à l’attention des lycans que des vampires) ne reflétait que Kelyan. Il prit le temps de l’aviser attentivement.

« Ce sera probablement un peu déstabilisant. Conclu-t-il. Mais tout ira bien. Ça ne laisse pas de séquelles.

Le créateur de parfum approcha de son camarade. Il posa les mains sur ses épaules, dans un geste fraternel, qui rappelait toutes ces fois où ils s’étaient enlacés amicalement, pour se saluer ou simplement par affection. Cela dit, la tension qui régnait entre eux, cette fois-ci, avait quelque chose de plus singulier.
Till laissa quelques secondes s’égrainer. Ses yeux azurs se teintèrent progressivement de rouge, à la manière d’un papier buvard absorbant une goutte d’encre carmin. Dans le même temps, ses canines s’allongèrent jusqu’à former de véritables crocs. La réalité du vampire prenait finalement corps.

« Essaye de ne pas crier, dans la mesure du possible. Fit-il. Aussi, sois gentil… Évite de penser à ta dernière branlette sous la douche.

Un sourire de gros malin apparut sur ses traits : il n’était jamais trop tard pour détendre l’atmosphère, si ?

Après quoi, l’une de ses mains migra de l’épaule jusqu’à l’arrière de la nuque, tandis que l’autre verrouillait sa prise vers le milieu du dos. Till réduisit la distance entre eux, plongeant dans le cou de l’homme d’affaire d’un mouvement sûr.
En théorie, il aurait pu choisir de lui mordre le poignet, mais vu qu’il s’agissait d’une première, autant y aller avec tout le folklore associé. D’un point de vue plus pragmatique, Till souhaitait pouvoir le maintenir en place, au cas où il gigoterait de trop, ou même tomberait (cela pouvait arriver). La perte de sang et le choc émotionnel créaient parfois des réactions inattendues.

Quoi qu’il en soit, Till n’hésita plus. Dès qu’il sentit la chaleur toute vivante de son comparse irradier son visage, il mordit… Et cela se déroula exactement de la manière qu’il avait décrite.

848

Revenir en haut Aller en bas
Kelyan Doyle
Membre ✞ Esclave sur tvbs
Kelyan Doyle
Membre ✞ Esclave sur tvbs
✞ Date d'inscription : 13/04/2024
✞ Messages : 45
✞ Points : 850
Age : 38

Real Friendship - Ft. Till Engelmeister  Empty
Ven 26 Avr - 16:45

Real Friendship ?




Janvier 2024 - Manoir – Till Engelmeister




Docile, Till se laisse conduire aux toilettes. Il me connaît, mieux que quiconque dans l’entièreté du manoir et à des centaines de kilomètres à la ronde, mes intentions ne sont pas graveleuses. Ma demande est justifiée mais il ne peut cacher sa surprise, ce qui amène toutefois un léger sourire. Toutefois, je ne saurais être plus sérieux qu’à ce moment-là.

- Accède à ma demande. Laisse-moi avoir ce choix. Et qui de mieux qu’un ami ?

L’azure et l’encre entre en contact. J’ai presque l’impression de voir ses méninges s’activer. Si les rôles étaient inversés, la situation aurait été la même. J’en suis certain. Sa décision tombe et j’approuve d’un hochement de tête même si la perspective de me faire mordre, commence à me stresser. Nous entrons dans du concret.

Des précautions sont prises, s'assurant que nous ne seront dérangés et j’approuve silencieusement. Cela ne regarde personne, nous n’avons pas besoin de spectateur. La porte est verrouillée d’un mouvement fluide. Je ne peux m’empêcher de l’observer, de le voir d’un nouvel œil. Rien ne laisse supposer que cet homme à largement dépassé les 100 ans d’existence. Ca me fascine et m’effraye en même temps. Sa peau claire n’est pas un indice, c’est un gars du nord, rien de plus normal. Et quand bien même il m’aurait avoué son secret, je ne l’aurais jamais cru, le catégorisant sur le champ, d'adolescent attardé.

- Je suis tout ouïe.

Jamais, de toute ma vie, je n’ai été plus attentif. Ses explications sont claires, il émet des faits, simples, accessible à ma compréhension. Rien de surnaturel contre quoi ma conscience pourrait buter. Lorsqu’il évoque le venin, une image d’un serpent, tout crocs dégagés, s’impose à mon esprit.

- Du venin ? Mais… comment ? D’un geste rapide, je balaye la question. On verra ça plus tard, continue.

La douleur, je peux l’encaisser, d’autant plus que je suis prévenu. Je ne suis pas douillet, je le crois en tout cas. La suite est surprenante et me laisse dubitatif.

- Dis donc, c’est intime, votre façon de vous nourrir.

Un rictus d’un vague sourire, ponctue ma remarque. Chaque information supplémentaire devient source de nouvelles questions que je note précieusement dans un coin de ma tête. Une chose à la fois. Si je veux avoir une chance de survivre dans ce nouveau monde, je dois impérativement avoir un maximum de cartes en main. Plus j’en saurais, mieux ça sera.

Quelques pas me suffisent pour le rejoindre où un nouveau phénomène me déstabilise totalement. Mes yeux entament un ballet entre le miroir et la silhouette bien réelle de Till placé face à moi. Dans un mouvement lent, je dépose ma main contre son torse tout en regardant dans l’immense miroir, ou il n’y a que moi. J’étouffe un juron, mon esprit ayant du mal à comprendre ce que ma vue lui envoie comme information. Le film Van Helsing fait irruption dans ma mémoire, rejouant la scène du bal, où tous les vampires étaient absents lorsque la caméra se tournait vers le miroir. Est-ce que le scénariste était au courant ? Délaissant le reflet d’un seul homme, je me concentre sur mon interlocuteur.

Mon cœur s’emballe lorsque les mots ne sont plus. Ses mains sont froides lorsqu’il les dépose sur mes épaules. Ma respiration s’accélère légèrement. Le changement de couleur de ses iris affole mon palpitant et j’aurais volontiers fait un pas en arrière si ma volonté n’était pas intervenue. Cerise sur le gâteau, les crocs. L’appréhension titille l’angoisse qui me comprime la poitrine et je réalise, un peu tard, que la peur est bien là. Ma tête recule, l’instinct de survie, primaire, vient d’entrer en scène.

Un rire nerveux filtre à travers mes lèvres crispées. La joie n’y ait pas, je suis tétanisé devant le spectacle de mon camarade. Ses bras m’enferment, j’ai envie de me débattre. Mes doigts se referment sur ses vêtements à la hauteur de sa taille.

Puis survient la douleur. Puissante et incisive. Un gémissement suivi d’un grognement retentit dans la salle d’eau. J’ai l’impression que des aiguilles d’un diamètre immensément grand, farfouillent ma chair, titillant avec précision les tendons et les nerfs afin d’induire un maximum de souffrance. Chaque muscle de mon corps est contracté et dans un effort vain, je cherche à le repousser mais sa prise est puissante et inébranlable. Je geins contre mes lèvres crispées, m’accrochant à mon tortionnaire. Puis la douleur faiblit, elle mue vers quelques choses de différents, de nettement plus agréable. Les crocs deviennent caresse, libérant une vague de chaleur bienfaitrice. Une expiration profonde se change en soupire, j’éprouve la liesse du désir. Le plaisir est immense.

Les images défilent derrière mes paupières closes. Une fiole nichée dans un écrin de soie, la boîte dort dans un renforcement d’un mur, à l’abri des regards et de la lumière. Ma main, je la reconnais grâce à sa chevalière, referme le couvercle et est déposée avec délicatesse dans une valise capitonnée. Une soirée mondaine, où les femmes arborent des décolletés indécents et où les hommes ont sorti leur plus beau smoking. Les flûtes de cristal, emplies de champagne hors de prix, s’entrechoquent. Les vêtements sont abandonnés et les fornications vont bon train. J’entends les gémissements de plaisir de Till et de ses partenaires, les voiles séparant nos couches ne sont pas gardiens des sons. New-York, dans mon appartement, deux putains attendent dans le salon, tandis que nous discutons sur la terrasse. Tokyo, je remets à l’allemand un présent, spécialement façonné à son intention. Une épingle de cravate en or massif, avec en son centre, une minuscule figurine au logo de sa société. Le bijou est unique.

D’un coup, tout s’arrête, semblable à une soudaine coupure de courant. L’étreinte se relâche, je titube ne sachant plus très bien où je me trouve. Arc-bouté, je dépose mes mains sur mes genoux et cherche à retrouver mon souffle. Relevant la tête, je lui tends un sourire hébété, avec une puissante envie de rire.

- Ah ben mon cochon… c’est un sacré voyage ! Doucement, je retrouve ma verticalité et ma droiture. Impressionnant. Tu as songé à en faire un commerce ? Parce que ce n’est plus en or que tu vas te les faire, mais en platine !

Mon horizon est instable et je m’appuie contre le meuble des lavabos, tournant le dos à l’absence du reflet de mon ami, fait qui reste terriblement déstabilisant.

- C’est incroyable… C’est toujours comme ça ? J’imagine que l’on peut vite devenir accro. Dis-moi Till, tu l’utilises durant… Mes mains et mes hanches miment basiquement un accouplement, ça doit marcher du tonnerre. Et l’effet euphorisant que je ressens là, ça reste combien de temps ?




1102

Revenir en haut Aller en bas
Till Engelmeister
Membre ✞ Vampire sur tvbs
Till Engelmeister
Membre ✞ Vampire sur tvbs
✞ Date d'inscription : 11/01/2024
✞ Messages : 415
✞ Points : 5484

Real Friendship - Ft. Till Engelmeister  Empty
Dim 28 Avr - 19:16

Real friendship

19 janvier 2024 ✞ Soirée
Si Kelyan goûtait pour la première fois au tumulte de la morsure, Till naviguait au gré de courants maintes fois arpentés. Quoiqu’il garda pied, la sensation de fusion le saisit tout de même, à la manière d’une vague implacable, enveloppant sa carrure dans son entièreté jusqu’à l’y dissoudre.
Ainsi, pendant tout le temps que cela dura, le vampire se perçu au travers des impressions de l’homme en face. À chaque gorgée de sang chaud, les souvenirs de Kelyan devenaient ses souvenirs à lui, de la même manière que s’offraient aux scrutations de l’autre les plus petits détails de son propre vécu.

Les deux hommes se remémorèrent ensemble leur passé commun, tous les instants clé de leur amitié, depuis les débuts jusqu’à ce moment fatidique. Ils se revirent passer, à la manière d’un film en avance rapide, des deals juteux, savourer d’une même énergie leurs existences d’éternels célibataires, riches à ne plus savoir quoi en faire, sceller leur affection mutuelle à travers des cadeaux coûteux, excentriques ou bien tout personnels. Ces deux hommes là croquaient la vie en véritables affamés, usaient de leur pouvoir sans souci d’aucun dogme, si ce n’est le plaisir, l’ambition et la compétition. Ils étaient beaux, l’argent les rendaient toujours jeunes, attractifs, leurs tempéraments redoutables venaient mordre les mollets de la gloire jusqu’à s’en trouver rincés.
Mais toujours, ils s’amusaient, car il n’y avait rien en ce monde qui ne représente pour eux une folle et palpitante aventure.

Du reste, il était fort rare que Till morde des amis humains. L’habitude voulait plutôt qu’il s’entoure d’escortes, ou bien de ses partenaires du moment. Mais il y avait quelque chose d’assez unique dans le fait de s’abreuver à la gorge d’un homme qu’il respectait et appréciait. Plutôt que du désir et une ardente envie d’accentuer encore leur proximité à travers le sexe (ce qui se produisait d’habitude), il ressentait plutôt une forme de gratitude profonde. L’affection s’accentuait, elle devenait plus évidente, plus intime, fraternelle.
Till se rappelait des sentiments qu’il éprouva jadis à l’endroit de sa propre famille, de son frère. C’était le même genre d’évidence : un lien inaliénable. Alors assurément, il aima ça. Il aima ça autant pour ce que cela lui apporta, dans le cadre de leur relation à eux, que pour toutes ces sensations anciennes qu’il croyait avoir perdu. De la gratitude, en somme.

Tout cela ne dura cependant guère plus qu’une minute ou deux. Lorsque Till décrocha, il lui fallu encore quelques secondes pour reprendre pied, retrouver les frontières de son propre corps et l’équilibre qui allait avec. Il prit appuis sur le mur le plus proche, d’une main. Son cœur battait de nouveau à toute vitesse, presque à la manière d’un vivant. Son teint même arborait des teintes plus saines et sa peau était devenue chaude.
Il eut un souffle, portant sa main libre à la bouche pour capturer une goutte qui lui roulait sur le menton, avant qu’elle ne coule sur sa chemise. Ce ne fut qu’à partir de ce moment là qu’il fut en mesure de se remémorer l’événement uniquement de son propre point de vue. Kelyan avait formidablement bien réagi, quand bien même se serait-il un peu débattu.

Le créateur de parfum s’en vint alors poser ses prunelles encore rouge sur la silhouette ramassée qui encaissait l’information. Lorsque leurs regards se croisèrent enfin, il lui rendit un sourire féroce. Il ricana rien qu’un peu à ses plaisanteries.

« Heh… D’après toi ? Fit-il s’agissant de savoir s’il mordait pendant l’acte. Tu devrais planer pendant encore un petit moment. Je t’ai un peu chargé sur la fin.

Il se redressa tout à fait et se passa une main dans la nuque. Puis, il revint près du lavabos afin de se débarbouiller un peu.

« Et tu ne crois pas si bien dire quand tu parles de devenir accro. C’est littéralement le genre de choses qui se produisent… Surtout lorsqu’un humain se fait mordre par le même vampire régulièrement.

Il s’installa à côté de Kelyan, le bas du dos en appuis contre le rebord marbré. Une nouvelle fois, il dégaina son paquet de cigarettes en s’en alluma une, cette fois-ci pour remplir la fonction initiale de cette habitude : faire gentiment passer le goût du sang.

« La vérité c’est que la relation entre nos deux espèces est plus complexe qu’elle n’y paraît. Dit-il. Tu t’en es bien rendu compte… C’est très intime, comme geste. Alors imagine toi faire ça avec une femme sublime et dont tu es peut-être amoureux, au moins que tu désires.

Till adressa à Kelyan un regard en coin emprunt d’un genre de malice songeuse. Ses yeux étaient en train de retrouver progressivement leur teinte azur habituelle.

« Tu sais, tu rencontreras beaucoup de vampires qui te regarderont de haut… C’est un fait, notre condition nous confère de nombreux avantages, comme la jeunesse éternelle ou le temps nécessaire pour nous enrichir au-delà de toute mesure. Le regard de Till se fit plus incisif. Mais en fait, sans votre sang pour nous nourrir, nous dépéririons inexorablement, tu comprends ? Ces vampires là ne te diront jamais qu’au fond, ils ont plus besoin de toi que l’inverse. Alors, ils te traiteront peut-être de pauvre mortel fragile, ou je ne sais quoi d’autre... Mais je peux te garantir qu’au fond, ils sont tous rongés par le même mal fondamental.

Till fit tomber la cendre de sa cigarette dans le trou du lavabos d’un geste souple.

« C’est que l’éternité est un fardeau difficile à porter. La vitalité qu’on vous retire, c’est celle qui nous file entre les doigts… Hé oui, mon vieux, derrière tout ce théâtre, ce sont des petits humains qui se prennent l’évidence de leur propre vacuité dans la gueule, encore et encore. Parce-que c’est une existence de créature stérile... Et qu’ils ne savent plus quoi faire de leur temps.

De nouveau, l’expression de Till se teinta d’un sourire. Celui-ci avait des reflets presque sarcastiques.

« Surtout les vampiresses… Il eut un petit souffle du nez. Les vampiresses sont dingues. Je n’en connais pas une seule qui soit heureuse.

1009

Revenir en haut Aller en bas
Kelyan Doyle
Membre ✞ Esclave sur tvbs
Kelyan Doyle
Membre ✞ Esclave sur tvbs
✞ Date d'inscription : 13/04/2024
✞ Messages : 45
✞ Points : 850
Age : 38

Real Friendship - Ft. Till Engelmeister  Empty
Lun 29 Avr - 16:01

Real Friendship ?




Janvier 2024 - Manoir – Till Engelmeister




La morsure le déstabilise également, moins longtemps que moi visiblement, mais c’est une information que je grave au fer rouge dans ma mémoire. Mon palpitant bat terriblement vite et mon souffle peine à retrouver sa nonchalance. Je n’ai pourtant pas bougé mais les effets physiologiques découlant de cette simple ponction, sont énormes. La morsure est à peine finie que j’ai envie de recommencer. Dangereux…

Nos regards se percutent. Je déteste cette couleur ignoble qui danse dans ses iris. Elle me fait penser à ces soirées de Halloween où tous les excès étaient permis. Maintenant que je suis face à un Till dont je connais le secret, je me demande s’il portait, à l’époque, des lentilles ou s’il s’était passablement abreuvé. Je garde cette question pour plus tard en secouant la tête suite à sa réponse.

- Le contraire m’aurait étonné ! Je comprends mieux maintenant l’empressement des escorts à me demander si tu allais assister à la soirée. Je lui lance un regard faussement noir. T’es un tricheur !

L’euphorie qui me transcende est nouvelle pour moi. Toujours maître de mes pulsions, je me sens pousser des ailes et serais prêt à tenter une évasion que je sais pourtant impossible. J’exècre l’abus de substance, même s’il m’est déjà arrivé, à titre exceptionnel de sniffer un peu de cocaïne, sachant qu’elle peut rendre dépendant dès la première utilisation. Je grimace et pince les lèvres en prenant appui de mes mains sur le lavabo, cherchant à maintenir mon horizon en place, pour ne pas chavirer.

- Ainsi, comme au pieu… J’hésite, un peu amuser et me laisse tenter par la mauvaise blague. Ca va ? Ce mot ne te crispe pas trop ? J’éclate de rire comme un enfant devant une blague cachée dans les Carambar. Pardon… mais je ne pouvais pas la laisser passer celle-là. Je ris franchement, sans honte de ce pitoyable jeu de mot, ayant même du mal à reprendre mon sérieux. C’est tellement nul ! Donc je disais, c’est comme pour le sexe, pour ne pas devenir accro, il faut changer souvent de partenaire ?

Un dernier gloussement intempestif meurt dans le fond de ma gorge. L’odeur boisée du tabac empli les toilettes, écrasant celle, si raffinée du parfum du créateur. Sans vergogne, j’agrippe habilement la cigarette allumée, inspire et recrache longuement la fumée pour la redonner à son propriétaire.

Dodelinant du chef aux explications de Till, je ne peux qu’imaginer l’embrasement du désir. Bien que dans mon cas, les sensations se sont présentées différemment. Aucune envie de lui faire farouchement l’amour ne s’est imprimée dans mon esprit, mais plutôt une sensation d’achèvement. Une sorte de point d’honneur scellant notre amitié à tout jamais. Et je ne peux le nier, j’aime ce sentiment extrêmement fort qui me parcourt, cette totalité qui durant quelques trop pauvres secondes, nous a rendu à ne faire qu’un. Jamais auparavant, je n’ai éprouvé cette amitié fraternelle inconditionnelle.

Encore, j’approuve d’un simple signe de tête, trop absorbé par ses révélations. Est-ce que ma vie de Don Juan est terminée ? Car jamais je ne pourrai rivaliser avec un vampire. Triste réalité que je dois commencer à envisager. Je tourne la tête, répondant à son regard qui, heureusement, reprend sa teinte habituelle.

Je pince les lèvres et secoue la tête, quelque peu désabusé. Courber l’échine n’est pas dans mes habitudes. Mon caractère est ce qu’il est, mais mettre un genou à terre, m’est inconcevable.

- Je comprends bien, Till, mais en attendant, je suis privé de ma liberté. Et tu sais, peut-être mieux que quiconque, ce que cela peut représenter pour un type comme moi qui passe sa vie à voyager. Tu as lu en moi, je suis incapable de ne pas répondre en cas de provocations. L’autre jour, lorsque je croupissais dans les cellules, une femme est venue me trouver. Une espèce de salope japonaise portant le doux patronyme de Yozora. Sur le moment, je n’ai pas compris ce qu’elle disait, maintenant tout devient limpide. Cette nana dégage une telle aura ? Je me tourne vers l’allemand, ne sachant si le mot choisi est le bon. Charisme ? Qu’importe, je me suis retrouvé totalement écrasé par sa présence. Je t’assure, j’ai lutté, j’ai même essayé de lui arracher des explications, mais elle s’est ri de moi.

Je passe sous silence le fait d’avoir éjaculer dans mon froc comme un ado prépubère qui visionne un film de cul. Mes mains s’agitent et finissent leur course sur mes tempes, me donnant l’impression de mieux pourvoir réfléchir. Un souffle mue en rire sarcastique et caustique.

- Donc, « vous » offrez la répression, la peur et je ne sais quel autre sévisse, pour combler le vide infini de l’éternité, tout en vous nourrissant de vos passe-temps ? Je dis vous, mais je ne t’inclue pas dans cette machination. Till, je ne me soumettrai pas, tu le sais. Je vais mourir, c’est aussi simple que cela.

Je hausse les épaules et me détache du meuble en tirant sur mes abdos afin de lui faire face.

- Je ne serais jamais un esclave. Jamais ! Toutefois, que vais-je devenir ? Une vie de servitude ? Ou attendre patiemment qu’un de tes semblables veuille bien venir me taquiner la carotide tout en me sodomisant ? De quoi est fait mon lendemain, Till ?

Mon passé a été fructueux, je l'ai façonné à la seule sueur de mon front, je ne le dois à personne. Je ne sais de quoi est fait mon futur, hormis que je ne me battrai comme un lion pour garder espoir et une infime part de libre arbitre. Je claque des doigts et me redresse de toute ma hauteur. Il reste le présent et j’ai bien l’intention d’en profiter un maximum.

- Eh bien si elles ne savent pas être heureuses, montrons-leur ce que deux amis peuvent faire. Peut-être que ça les fera un peu réfléchir. Nous avons une bouteille à finir, il me semble. Et si tu avais la bonté de m’offrir de quoi me sustenter, je t’en serais extrêmement reconnaissant.

Mon regard d’onyx plonge dans les orbes bleutés de mon ami. Dur comme la pierre et aussi froid qu’une nuit d’hiver, des mots filtrent à travers mes lèvres.

- Un jour, Till, un jour, je te rembourserai, je t’en fais la promesse.




1048

Revenir en haut Aller en bas
Till Engelmeister
Membre ✞ Vampire sur tvbs
Till Engelmeister
Membre ✞ Vampire sur tvbs
✞ Date d'inscription : 11/01/2024
✞ Messages : 415
✞ Points : 5484

Real Friendship - Ft. Till Engelmeister  Empty
Mar 30 Avr - 22:16

Real friendship

19 janvier 2024 ✞ Soirée
Le créateur de parfum ne put que glousser face à l’agacement de façade de Kelyan s’agissant de ses supposées prouesses sexuelles. Même si Till voyait les choses de manière plus nuancée, il ne s’empressa pas de le contredire. C’était de bonne guerre, après tout...
Du reste, après toutes ces émotions, il avait bien besoin de rire un peu, lui aussi. Ce partage de sang les avaient tous les deux euphorisés et c’était indubitablement une excellente chose, au regard de tous les sujets d’importance qui leur restaient encore à aborder.

D'autant que Till comprenait parfaitement la frustration de son camarade. Lui-même partageait une nature similaire : celle d’un homme que rien n’arrête, qui entraîne volontiers les autres plutôt que de suivre la masse tout en se contentant d’une existence moyenne. Kelyan était fait de ce bois là et ça ne changerait jamais. Il n’y avait aucun débat à avoir là dessus.

« Oh, je ne prétends pas que ce sera facile. Lui confirma-t-il. Mais tu es bien plus qu’une forte tête, Kelyan : tu es intelligent.

Le regard de Till se fit un peu plus farouche, comme il pivotait en direction de l’homme afin d’appuyer son propos à travers le poids d’un vis à vis direct.

« Tu t’en sortiras à partir du moment où tu parviendras à inspirer le respect, tu comprends ? Peu importe la manière dont tu t’y prends… Ce sera à toi de trouver ce qui fonctionne selon la personne que tu auras en face. En l’occurrence, je ne te recommande pas de faire de la lèche, non... Tout le monde est tenté de se mettre à quatre patte sous l’effet de la peur. Or, ce n’est pas une stratégie viable sur le long terme. Toi, tu es capable d’autre chose. C’est ce qui te sauvera, si tu parviens à manœuvrer ta barque intelligemment.

Le créateur de parfum inspira une dernière bouffée de tabac avant d’écraser son mégot sous le talon de sa chaussure. Il reporta ensuite son regard bleu sur son comparse et l’avisa attentivement.

« Bien-sûr que c’est impressionnant… Nous produisons cet effet sur l’esprit humain. Mais tu t’y feras et après un moment, ça ne marchera plus autant que maintenant. On s’habitue à tout, même à la peur. Et crois moi, il y a pire que faire la pute… Laisser ton mental se faire briser, par exemple. Si tu leur permets d’en arriver là avec toi, alors ce sera foutu.

Il était évidemment facile pour Till d’affirmer de telles choses, dans la mesure où il se trouvait du bon côté de la barrière, tandis que Kelyan composait avec la réalité concrète de sa servitude. Mais le fait était qu’il bénéficiait d’une longue expérience du milieu.
Ces affirmations n’étaient pas faites au hasard : Till avait eu l’occasion de rencontrer de nombreux humains réduits en esclavage, ainsi que des calices. Il avait fait l’expérience de tous les profils et observé de nombreux parcours, de la misérable prostituée de sang au responsable chargé de gérer les affaires de son maître. Dans tous les cas, une variable demeurait inchangée : la volonté et l’astuce finissaient toujours par payer.
C’était un fait, les vampires avaient besoin des humains pour faire la passerelle entre les deux mondes. Il y avait donc beaucoup de place pour les individus les plus volontaires et compétents. Restait seulement à convaincre son maître de cet état de fait.

« Oui, retournons là-bas, d’ici à ce que le personnel ne revienne à la charge…

Till emboîta le pas de Kelyan sur son invitation, non sans l’avoir gratifié d’une tape chaleureuse sur l’épaule au passage. Il débloqua le verrou et retourna en direction de leur table, interpellant un serveur à la volée.

« Apportez-lui ce qu’il voudra, je vous prie. Le créateur de parfum jeta un regard par dessus l’épaule, vers son camarade. Tu ne me dois rien… Tu penses. Je suis d’une remarquable inutilité dans cette affaire.

Une frustration évidente transpirait dans son intonation. Till retrouva sa place et leur resservit à boire à tous les deux, tandis qu’il laissait à Kelyan le soin de consulter la carte que le serveur venait d’apporter.

« Tu t’interrogeais sur la suite… Reprit-il finalement. Dans ce cas, il faut que je t’explique encore deux ou trois choses. Vois-tu, tous les humains capturés ne finissent pas comme réserve de sang ici. En fait, la première étape, c’est la vente aux enchères. Hé oui, c’est exactement ce à quoi tu penses : vous serez proposé à la vente pour des particuliers, vampires ou lycan. Trois ventes en tout… Le service au manoir étant réservé à ceux qui n’ont pas trouvé preneur au bout de ces trois ventes.

Encore une raison pour Kelyan de perdre son latin. Till se laissa retomber tout à fait contre le dossier de sa chaise. Les coups d’œil furtifs des quelques clients ayant assisté à leur retraite dans les toilettes ne lui tiraient aucune réaction. Il y eut tout de même un ou deux sourires grassement appuyés difficiles à ignorer, chaque fois qu’un regard plus insistant que les autres remarquait les traces de croc dans le cou de Kelyan.

« C’est avec la personne qui t’achètera que tout va se jouer, en somme.

865

Revenir en haut Aller en bas
Kelyan Doyle
Membre ✞ Esclave sur tvbs
Kelyan Doyle
Membre ✞ Esclave sur tvbs
✞ Date d'inscription : 13/04/2024
✞ Messages : 45
✞ Points : 850
Age : 38

Real Friendship - Ft. Till Engelmeister  Empty
Ven 3 Mai - 19:07

Real Friendship ?




Janvier 2024 - Manoir – Till Engelmeister




Les explications de Till sont précieuses. Chaque information est ingérée goulument, même si je ne les comprends pas toutes et soulève souvent de nouvelles questions. Mais je dois me montrer patient et extrêmement concis pour ne pas tout mélanger.

La porte est déverrouillée, nous rendant notre liberté vers ce magnifique bar. J’envie Till et tous ceux qui sont du bon côté de la frontière. Suis-je simplement un pion dans l’univers de la malchance ou une véritable cible. Perdu dans mes sombres pensées, je finis par secouer la tête.

- Non Till, un homme intelligent ne se serait pas fait kidnapper comme cela a été le cas. Il aurait vu, senti ce qui se tramait dans l’ombre. Moi, je n’ai rien vu. Je me suis réveillé dans une cellule crasseuse, sans même savoir où je me trouve. D’ailleurs, je ne le sais toujours pas. Donne moi un indice, dévoile moi au moins le nom de la région. D'ailleurs, pourquoi moi ? Qu'ai-je fait pour mériter cela ? Ai-je une particularité ?

Et quand bien même, qu’est-ce que cela changerait ? Les deux personnes rencontrées un peu plus tôt m’ont bien fait comprendre qu’il n’y avait aucun moyen d’évasion. Evidemment, que je vais tenter de trouver un moyen d’échapper à mes ravisseurs, mais pas sans avoir examiné le terrain avec attention auparavant, de connaître exactement ma situation et en quoi mon rôle va consister.

Lentement, à travers les paroles de mon hôte, je comprends le sens de son phrasé.

- Tu sais très bien que jamais je ne lècherai les bottes à qui que ce soit. Et même si la peur s’en mêle, je la combattrai. J’ai affronté bien des hommes et femmes dans notre monde impitoyable des affaires. Il faut être rusé, parfois attendre, tendre une main emplie de billet pour mieux la retirer au dernier moment. C’est un jeu de poker, il faut savoir bluffer pour parvenir à nos fins. Je sais me montrer patient.

Le serveur nous amène une carte, bien fournie aux mets émanant de toutes les régions du globe. Des spécialités dont je ne connais même pas la provenance, attisent ma curiosité. Aucun prix n’est indiqué à côté des descriptifs. J’opte pour un bon vieux cheesburger en espérant qu’il soit suffisamment copieux pour taire la faim de loup.

Till revient sur la morsure et instinctivement, je passe mes doigts sur la plaie. Deux trous sont ressentis sous mon touché. Ils attisent le regard de certains consommateurs et je peux deviner dans leur iris brillantes, une envie friande d’imiter mon ami. Une femme, en tenue de serveuse minimaliste, ne laissant que très peu de place à l’imaginaire, me lance une œillade hargneuse. Je soupire, désemparé, ne parvenant pas encore à assimiler le langage de ses regards. Concentré sur la diatribe de mon ami, je sursaute à l’entente de certains propos et j’ai du mal à ne pas l’interrompre immédiatement.

- Attends quoi ? Qu’est-ce que tu viens de dire ? Faire la pute ? Au sens figuré, j'espère !

Une nouvelle fois, je balaye la pièce, nettement plus attentif aux tenues vestimentaires des personnes présentes.

- Non Till… Je ne baisserai pas mon froc, c’est hors de question ! Et c’est quoi, cette histoire de peur ?

Mon verre est vide, la bouteille bien pleine encore. Je nous ressers, une bonne quantité et prends une grande gorgée. Après m’être délesté de mon verre, je dépose mes coudes sur la table, mes paumes venant s’appuyer contre mon front, essayant de maintenir un semblant de calme.

- Ma volonté m’appartient, tout comme mon corps. Il me semble qu’on nous l’a assez baratiné, ces dernières années. « Ils » n’ont pas le droit ! Quant à mon esprit, tu le sais bien, j’ai un mental d’acier. Il y a toujours une solution, elle n’est pas toujours facile à trouver mais je t’assure que jamais je n’abandonnerai.

Mes épaules retombent et je m’adosse, plus sereinement, une lueur revancharde illuminant mes orbes sombres. Personne, humaine ou pas, n’aura ma peau. Que vais-je devenir ? Je n’ai aucune qualité qui puissent intéresser ces gens. Le service ? Je ne me vois pas habillé comme un pingouin à distribuer des boissons sous des regards lubriques. Sans compter sur mon franc parlé qui ne saura être cadenassé.

- Inutilité ? C'est tout le contraire, mon ami. J’en ai plus appris en une heure à tes côtés que durant mon séjour dans les prisons moyenâgeuses du sous-sol. Tu sais que je n’ai vu personne à part l’autre cinglée. Ce n’est pas la solitude qui est pesante, c’est de ne pas savoir ce que tu fous dans ce trou à rat.

Le serveur réapparaît et dépose une assiette plus que généreuse devant moi, accompagné de diverses sauces. Avant de reprendre le chemin des cuisines, il refait le plein de nos verres. Je lui adresse un bref hochement de la tête en guise de remerciement. Sans attendre, je m’attaque à mon repas, constatant une qualité exceptionnelle de chaque ingrédient. L’allemand reprend la parole et poursuit ses explications abordant un sujet dévastateur. Ma fourchette me glisse des mains et vient taper bruyamment contre la faïence de mon assiette. Ma déglutition est soudainement très difficile et c’est, la bouche encore à moitié pleine, que je me tourne vers le créateur.

- Tu plaisantes, j’espère ?

La nourriture, pourtant succulente, forme une boule sur ma langue que je peine à avaler. Le silence vient perturber nos échanges alors que je réunis mes mains au-dessus de mon plat. Mon esprit, encore sous l’influence du venin de Till, est une véritable balle de ping-pong, sautant de stratégies diaboliques, en machination rocambolesque pour s’échouer à une évasion digne des meilleurs films de James Bond. Mais la seule solution probante est celle qui est là, juste sous mes yeux. Un espoir fou anime mes onyx.

- Achète-moi ! Je ne dois pas valoir bien cher, je ne sais rien faire. Enfin si… mais pas dans ce monde. Après, je ne te ferai pas de gâterie sous la table et tout ce qui concerne le sexe, faudra que tu te démerdes, mais tu as tout à gagner et je te promets de ne pas faire de vague.




1031

Revenir en haut Aller en bas
Till Engelmeister
Membre ✞ Vampire sur tvbs
Till Engelmeister
Membre ✞ Vampire sur tvbs
✞ Date d'inscription : 11/01/2024
✞ Messages : 415
✞ Points : 5484

Real Friendship - Ft. Till Engelmeister  Empty
Mer 8 Mai - 15:58

Real friendship

19 janvier 2024 ✞ Soirée
Till considérait son camarade d’un regard toujours empreint de cette sympathie inébranlable qu’il ressentait à son endroit, mais il conservait sur les traits un semblant d’inquiétude, preuve qu’un genre de lutte se tenait à l’arrière plan de son esprit. Tout comme Kelyan, Till peinait en fait à accepter la réalité de la situation. Il n’avait jamais envisagé que cet homme rejoigne un jour son monde… Tout du moins, pas de cette manière.
En cela, il ne pouvait qu’acquiescer aux affirmations selon lesquelles toute tentative d’asservissement risquait de produire des résultats désastreux. Kelyan n’était pas fait d’un bois qui ployait facilement, même soumis à de fortes contraintes. Un état de fait normalement associé à une vraie qualité humaine… Mais qui, ici, devenait un paramètre périlleux à gérer. Certains vampires sanctionnaient très cruellement les caractères trop forts et les règles en vigueur, dans leur monde, octroyai aux premiers tous les droits sur les seconds. En outre, il ne s’agissait pas de petites punitions. Till avait déjà constaté de sérieux sévices (notamment physiques et sexuels), sans parler des abus psychologiques.

« Nous sommes en Roumanie, dans la région de Bran. Dit-il. Le Manoir en lui-même est situé à l’écart de la civilisation, pour des raisons faciles à comprendre.

Rien de bien utile : Kelyan avait déjà dû noter le dialecte employé par les gens du coin. De toute façon, ce n’était pas comme si la fuite était possible. Les employés étaient plus que rôdé s’agissant de rattraper les humains qui tentaient de s’échapper… Sans parler des puces électroniques implantées sous la peau, fatales s’agissant de repérer les fugitifs les plus talentueux.

« Personne ne peut anticiper un trafic de cette ampleur. Continua-t-il ensuite, comme Kelyan ruminait sur le fait de s’être fait bêtement prendre. Toi et moi connaissons assez le show-business pour savoir ce qui se trame parfois dans les hautes sphères… Mais piéger une minette des pays de l’est dans un réseau de prostitution, ce n’est pas la même chose que capturer des hommes d’affaire.

Le créateur de parfum avait fréquenté la crème de la crème américaine pendant des décennies, notamment les années 60 à 80. Cela faisait longtemps qu’il était au fait de toutes ces parties fines impliquant parfois des mineurs, que des célébrités peu scrupuleuses se payaient sans souci de représailles, puisqu’ils avaient les moyens de faire taire n’importe qui. Tout le monde se connaissait dans ces sphères là : la presse, les politiques.

« Je ne sais pas pourquoi on t’a repéré plutôt qu’un autre… Peut-être parce que tu a du talent dans les affaires, ou bien parce que tu es bel homme. Qu’importe, de toute façon. C’est un fait. Tu te torturerais inutilement l’esprit à essayer de mettre un sens là dessus.

Till continuait de déguster ce qu’il lui restait d’alcool à petites gorgées, son pouce jouant avec les bagues qu’il portait aux doigts de manière mécanique. Il laissa le soin à son compagnon de choisir quelque chose sur la carte, lui-même se contentant de commander une nouvelle bouteille. Comme il venait de boire du sang, il n’avait envie de rien d’autre. La détermination de son camarade lui tira un sourire de connivence.

« Tu as bien senti à quel point la morsure produisait des effets intenses, non ? Réagit-il ensuite, lorsque l’homme s’offusqua s’agissant de la prostitution. Tous les maîtres n’en attendent pas autant de leurs esclaves… Cela dépend. Mais je ne te cacherais pas que c’est banal. Quand à ceux qui vivent ici à l’année, hé bien…

Il haussa simplement le sourcil d’un air peu équivoque. Un bref coup d’œil aux femmes en présence permettait de comprendre. Non seulement elles étaient toutes jeunes et très attirantes, mais on leur faisait porter des tenues clairement conçues pour réveiller le désir, quand il ne s’agissait pas simplement d’un ensemble de lingerie. Au delà d’un lieu de trafic, le Manoir était un bordel. Cela dit, Till n’en rajouta pas plus, car il voyait bien que Kelyan avait compris maintenant.

« Non, je sais. Réagit-il face à la révolte de son camarade. Je suis désolé.

Le créateur de parfum savait qu’il était mal placé pour compatir au sort de son ami, car après tout, lui-même consommait grassement les services du Manoir. Bien-sûr, il tâchait toujours de sélectionner ses partenaires sur la base d’un certain enthousiasme, évitant les jeunes femmes effrayées ou indociles, mais le vice restait le même. Il était le complice indirect d’une machine fondamentalement abjecte.
Voir la chose prendre corps à travers la personne de Kelyan avait quelque chose de bouleversant. Till y repenserait probablement pendant longtemps. C’était même certain. Cela dit, d’évoquer la question des enchères permit de couper court à ses états d’âme (du moins pour le moment).

« Merci de le préciser. J’aurais pu me faire des idées. Ricana-t-il lorsque son camarade évoqua les faveurs sexuelles auxquelles il n’aurait pas droit. Mais bien entendu. Je vais me renseigner sur la date de ta mise en vente et je ferais en sorte d’y assister.

Cette solution paraissait d’une évidence limpide. Elle raviva d’ailleurs Till d’un semblant de vitalité, comme l’horizon s’éclairait tout à coup devant eux.

« Ne t’en fais pas pour le reste, nous trouverons bien un moyen de nous arranger. Le regard de Till s’étrécit légèrement, comme il paraissait réfléchir. Malheureusement, une fois prit dans notre monde, il n’est pas facile d’en sortir… Je pourrais te laisser vivre ta vie comme tu l’entends, mais il faut que tu saches que les miens considéreront toujours que tu appartiens à cet univers.

Il vida son verre d’une traite et se resservit encore. L’alcool commençait à peine à lui réchauffer les sens. La quantité ingérée était à peine suffisante et, de toute façon, il récupérait désormais à toute vitesse grâce au sang fraîchement ingéré.

« Bah ! Peu importe. Nous verrons bien en temps voulu… Commençons déjà par te faire sortir d’ici. Till reporta son attention sur Kelyan. Dis-moi, tu as rencontré d’autres vampires en dehors de Dame Yozora ? Cette femme a beaucoup de pouvoir au Manoir… Elle est réputée assez cruelle et considère pauvrement les humains. Je te conseille de ne pas t’en faire une ennemie.

1021

Revenir en haut Aller en bas
Kelyan Doyle
Membre ✞ Esclave sur tvbs
Kelyan Doyle
Membre ✞ Esclave sur tvbs
✞ Date d'inscription : 13/04/2024
✞ Messages : 45
✞ Points : 850
Age : 38

Real Friendship - Ft. Till Engelmeister  Empty
Ven 17 Mai - 14:31

Real Friendship ?




Janvier 2024 - Manoir – Till Engelmeister




La Roumanie. Je souris, un peu sarcastiquement. Ainsi, les légendes ont un sacré fond de vérité. Même si je peine à accepter cette évidence, malgré les preuves que Till a eu la gentillesse de me soumettre, je reste consterné devant les faits. Comment faire accepter à mon cerveau que les vampires existent ? Le temps ? Il n’y aura que cela. Je soupire profondément, préférant noyer, actuellement, mes pensées dans ce liquide ambré d’une excellente qualité. Je déglutis la nourriture trop mâchée à l’aide d’une bonne rasade de whisky.

Un flot incessant de questions, aux horizons multiples, naissent dans mon crâne. Je dois faire un effort pour me concentrer sur l’essentiel et surtout sur mon avenir proche qui semble toute fois, assez compromis concernant tout ce qui peut toucher, de loin ou de près, à la liberté. Quelle soit d’esprit ou physique, j’ai de terribles doutes quant à mon libre arbitre.

Mon appétit ne s’est pas volatilisé, il est toujours bien présent, c’est juste que j’ai un peu de mal à avaler au fil des paroles de mon Ami. Distraitement, je picore quelques frites, les trempant dans les différentes sauces proposées.

- Ouais ben justement. J’suis pas une minette qu’on peut afficher sur un catalogue. Après, oui, j’ai des amis, mais ils ne sont pas si nombreux que ça. Et vu ce qu’était ma vie, ils ne vont pas s’inquiéter de ma disparition. Et il y a toi. Je tourne mon regard vers l’allemand. Toi, tu es dans la confidence, donc les risques sont inexistants. Parce qu’en effet, la personne la plus susceptible de s’alarmer de ne plus avoir de nouvelles, c’est toi. C’est pas un hasard, Till. C’est une évidence. Ma disparition ne va pas soulever de grandes vagues de recherches, au contraire, certains seront même contents de ne plus entendre parler de moi.

Je hausse les épaules. C’est un choix de vie que j’ai fait et jusqu’à présent, il me convenait à merveille. N’avoir aucune attache est synonyme de liberté… que je paie comptant maintenant. Un nouveau sourire cynique effleure mes lèvres. Mon physique m’a rendu bien des services au niveau de la gent féminine.

- Merci pour le compliment. T’es pas mal non plus dans ton genre mais c’est pas pour autant que je vais commencer à te draguer. Une proie facile, sans famille. Je pense que ce n’est pas plus compliqué que ça. Dans la force de l’âge et en pleine forme. J’aurai peut-être dû m’adonner à faire moins de sport, à moins entretenir cette carcasse… Va savoir.

Le burger finit par disparaître petit à petit, calmant mon appétit, dissipant nettement le tangage de mon horizon, remplacé par contre, par celui de l’alcool. La morsure revient dans notre conversation, m’arrachant une grimace. Les sensations ressenties n’ont rien à voir avec ce que ce que je connaissais jusqu’ici. La douleur première effacée par la volupté, anéantit toute résistance et demande qu’à réitérer l’expérience. Et je n’y fais pas exception.

- Ouais et ça m’arrache la gueule de dire que je crève d’envie de ressentir encore et encore ça. Mais dis-moi, de ton côté, hormis le fait que ça te nourris, tu ressens la même chose ? Enfin, je veux dire, ça t’apporte quoi ? Parce que bon, à quelques secondes près, je commençais à bander.

Un sourire plus franc anime mes traits, suivi d’un léger rire. Je secoue la tête en voyant passer une paire de fesses que, dans une autre vie, j’aurai volontiers pétri. Mon air s’assombrit à nouveau, imaginant que d’ici quelques jours, je serai peut-être à sa place, me voyant dans l’obligation de répondre favorablement aux diverses demandes des clients.

- Qu’arrive-t-il aux personnes qui refusent de se soumettre ? Mon regard noir s’ancre férocement dans celui de mon interlocuteur. J’ai bien compris que la liberté n’est plus d’actualité, ils ne peuvent relâcher les gens. Le secret doit être gardé. Mais ceux qui se révoltent, ceux qui ne veulent pas se faire baiser, qu’est-ce qu’ils deviennent. La mort serait un sérieux manque sur investissement. Enlever un individu coûte cher, le rapatrier jusqu’ici, encore plus. Le sang ? Certes, source première et indispensable, je présume. Parle-moi sans détours. Plus j’en saurai, mieux je serai préparé aux différentes éventualités.

Mon assiette est vide, même le brin de persil servant à la décoration a été englouti et pourtant je ne suis pas totalement rassasié. Je lève la main vers le serveur, oubliant le temps de ce geste, que je ne suis plus rien. Le regard de l’homme se précipite sur Till, me ramenant à mon status, avant qu’il ne se rappelle que le créateur lui avait donné l’ordre de servir toutes mes envies. Je commande un dessert et un soda, lorsqu’il nous apporte la nouvelle bouteille que mon Ami avait demandée auparavant.

- C’est quand même sacrément tordu de faire subir une vente aux enchères à vos prisonniers. Toutefois, je dois admettre que c’est un bon coup de massue psychologique. Si je n’étais pas dans la peau de la marchandise, je pourrais presque admirer ce trait de génie. Ca met dans l’ambiance et ça pose bien les bases. Je vide une nouvelle fois mon verre d’alcool d’une traite. A ce rythme-là, je vais être fin cuit dans pas longtemps. Je compte sur toi, Till. Vraiment et plus que jamais. Si tu dois lever des fonds pour mon acquisition, je peux toujours te signer une procuration pour que tu puisses prélever des avoirs sur mes comptes. Vu que quoi qu’il arrive, je ne quitterai plus ce monde, autant qu’ils servent à quelqu’un.

Un goût amer flotte sur mon palais. Tous ces efforts pour finir prisonnier dans une cage dorée, à se faire défoncer le cul, au fin fond de la Roumanie dans un contexte inimaginable. C’est quand même sacrément con. Un nouveau soupire ponctue cette triste pensée.

La question agrémentée d’une sinistre déclaration de la part de Engelmeister me fait tiquer, amenant évidemment de nouvelles interrogations.

- Non, je n’ai vu que cette cinglée. Elle est venue dans mon cachot, je ne sais toujours pas pourquoi. Mais par contre, elle m’a fait flipper et je ne suis pas du genre impressionnable, tu le sais. Elle n’a répondu à aucune de mes questions, répondant complètement à côté de la plaque. Je te jure, c’était irréel. Bon, maintenant, je comprends un peu mieux, mais ça ne m’empêche pas de penser qu’elle n’a pas la lumière à tous les étages. Elle est folle ! Même si elle est sacrément canon, le poids des années a dû altérer ses neurones. Sinon, y’a les deux zigotos que j’ai croisé juste avant qu’on se retrouve. Mais sinon, non, personne. Par contre, ils m’ont dit que j’allais avoir un acquéreur, un vampire ou un… merde c’était quoi déjà le mot… Je creuse dans ma mémoire qui commence à s’embrumer sérieusement. Ah oui, un lycan ! Ne me dis pas que c’est ce à quoi je pense ? On est pas en train de jouer à un remake de Underworld.



1176

Revenir en haut Aller en bas
Till Engelmeister
Membre ✞ Vampire sur tvbs
Till Engelmeister
Membre ✞ Vampire sur tvbs
✞ Date d'inscription : 11/01/2024
✞ Messages : 415
✞ Points : 5484

Real Friendship - Ft. Till Engelmeister  Empty
Ven 17 Mai - 17:16

Real friendship

19 janvier 2024 ✞ Soirée
Tandis qu’il s’appliquait à répondre aux questions de son camarade, Till promenait un regard peu attentif entre les mouvements d’assiette et les allers et venues du personnel. Ce même plat qu’il aurait pu dévorer naguère avec appétit ne lui inspirait désormais plus grand-chose, quand bien même son odorat de véritable limier en décelait jusqu’aux plus subtils arômes. Consommer des aliments de mortels ne présentait aucun intérêt concret pour lui, en dehors de l’alcool dont les effets se manifestaient toujours au bout d’un certain temps. À ce titre, il était en bonne voie pour finir saoul comme un cochon. La conversation allait bon train et semblait partie pour se poursuivre encore un long moment.

Quoiqu’il en soit, le créateur de parfum acquiesça à l’analyse de Kelyan. La vie en totale indépendance avait probablement finit par lui brûler les ailes, comme un piquant retour de karma. Il était vrai que les enlèvements d’humains reposaient en grande partie sur l’inquiétude éventuelle que la disparition créerait. La corruption ne pouvait pas toujours tout enterrer, surtout pas la détermination des proches à retrouver un des leurs. Dans le cas de Kelyan, la solitude s’ajoutait donc bien aux autres paramètres. Il devenait effectivement une proie intéressante,à la fin.

Du reste, il y avait ce caractère naturellement bravache et séducteur. Kelyan, en un sens, paraissait taillé pour leur monde. Cela ne faisait pas une semaine qu’il était là et pourtant, il paraissait déjà comprendre l’attrait de la morsure. Till le sentait presque à deux doigts d’en redemander.

« Me nourrir c’est déjà beaucoup. Fit-il, un sourire canaille sur les traits, en croisant les bras. Tous les vampires ne font pas des morsures une occasion de s’envoyer en l’air… Mais ça peut. Moi, j’aime ça. Je trouve ça excitant… Et puis, tu me connais : j’ai toujours eu un faible pour les prostituées. Quand je suis dans la tête d’une fille et que l’on jouit en même temps, c’est fantastique. Autant pour elle que pour moi.

Il fallait imaginer un plaisir qui se répondait en écho. Tableau fascinant pour tous les hommes ayant un jour été curieux de découvrir les secrets de la jouissance féminine (et inversement). Il y avait là des promesses d’endorphine plus tentantes et vertigineuses que n’importe quelle drogue sur le marché. Till continua.

« Les maîtres ont tous les droits sur leurs esclaves. Si un individu refuse de se soumettre, il s’expose à d’éventuelles sanctions, toutes à la discrétion de son maître. Cela peut aller des châtiments corporels à la mort, oui… Même s’il n’est de l’intérêt de personne d’en arriver là. L’hypnose est également une solution pratique.

Leur échange paraissait voué à alterner entre des sujets relativement légers et d’autres beaucoup plus sombres. Cela dit, Till s’appliquait toujours à répondre le plus justement possible aux interrogations de son ami, peu importe si cela lui coûtait. Il n’aimait pas spécialement endosser le rôle de porteur de mauvaise nouvelle, mais c’était ainsi. Comme Kelyan l’avait souligné lui-même, plus il serait préparé, mieux ce serait.

« Cela étant, sache qu’une fois rattaché à un maître, plus personne autour ne sera en droit de te toucher. Nuança-t-il. D’où l’intérêt de manœuvrer ta barque avec intelligence. Si tu t’en sors bien, tu seras relativement protégé.

Le créateur de parfum s’interrompit, le temps pour son camarade de commander de quoi agrémenter la fin de son repas. À ce titre, il fit exprès de ne pas réagir au regard insistant du serveur dans sa direction, le temps que ce dernier se rappelle qu’en effet, Kelyan pouvait bien demander tout ce qui lui ferait plaisir. Il s’intéressa plutôt à la bouteille qui venait d’arriver.

« Bah ! Tu vas vite comprendre que les vampires sont des créatures terriblement… Théâtrales. Tout est bon pour se donner de grands airs, crois moi. Il esquissa un sourire ironique et se resservit généreusement, comme il assumait (sans doute) désormais son ambition de finir complètement saoul. Et comme tu dis, c’est très efficace pour marquer les esprits. Ça annonce la couleur.

S’agissant des détails de la vente à venir, Till se contenta d’un vague geste de la main. Il paraissait confiant et pas pressé d’entrer dans l’aspect financier de la chose. Sans doute un semblant de superstition.

« Nous verrons en temps voulu. Réitéra-t-il. Je m’occuperais des détails dès que j’aurais connaissance du jour de ta mise en vente. Sois bien certain que rien ne m’empêchera d’y assister.

Il le pensait sincèrement et s’il avait su que le destin leur réservait en fait un mauvais coup du sort, il se serait probablement damné pour pouvoir renverser la chose. Malheureusement, à ce stade, Till pensait encore contrôler la situation. Il se contenta donc de trinquer avec son camarade, fort d’un regard plein d’assurance, afin de marquer la promesse et ce fut tout. La conversation continua tranquillement après ça.

« De son point de vue, tu n’es qu’un humain parmi les autres. Dit-il, parlant de la vampiresse japonaise. Elle en a vu passer des centaines… Des milliers. C’est une vampire ancienne. Beaucoup plus que moi.

Le temps créait parfois des attitudes détachées chez les individus les plus anciens. La chose n’était pas si difficile à imaginer. Cela venait avec la perte répétée des proches, un certain désenchantement ou une forme de recul particulière. Seuls les autres immortels devenaient des interlocuteurs privilégiés. Les humains, au mieux, pouvaient prétendre au rang de distraction (à condition d’avoir assez de cran).

« Les lycans, ah ! Son sourire se renforça vers des nuances plus féroces. Oui, il y a ça aussi.

Till vida son verre et puis, après un court moment d’hésitation, alluma une autre cigarette.

« Ils vivent en meute dans les régions environnantes. Ils ressemblent à des humains ordinaires, mais avec la capacité de se transformer en loups. Nous n’avons pas toujours été en bons termes, mais un pacte de non agression nous unit désormais. Eux aussi peuvent acheter des esclaves au manoir, mais seulement pour le service. La pierre de son briquet cliqua. Par contre ce n’est pas comme dans les films : tu ne risques pas d’en devenir un si tu te fais mordre. C’est un trait héréditaire.

Le visage du créateur de parfum disparut temporairement derrière un voile de fumée.

« Je t’avoue que je n’ai pas eu l’occasion d’en fréquenter beaucoup.

1045

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

Real Friendship - Ft. Till Engelmeister  Empty


Revenir en haut Aller en bas
 
Real Friendship - Ft. Till Engelmeister
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
-
Sauter vers: